Les bypass gastriques sont les opérations de référence pour le traitement chirurgicale de l’obésité morbide. Nous verrons en quoi consiste cette opération, quels en sont les avantages et les inconvénients.
Les bypass gastriques sont un groupe d’une dizaine d’opérations différentes, réalisées par cœlioscopie, en utilisant une caméra et de très petites cicatrices abdominales.
Elles représentent plus de 30 % des opérations réalisées dans le monde et sont les plus anciennes techniques utilisées, car elles servaient à traiter des maladies gastriques avant leur utilisation en chirurgie de l’obésité.
Qu’est-ce qu’un Bypass gastrique ?
Il s’agit d’une intervention chirurgicale visant à diminuer la capacité de l’organisme à assimiler les calories que l’on ingère. On réalise un court-circuit intestinal des enzymes de la digestion qui sont sécrétées principalement par le pancréas dans le duodénum, juste après l’estomac.
Le bypass va réaliser un court-circuit de l’estomac en raccordant directement l’intestin grêle à une petite poche d’estomac. L’idée est de faire en sorte que seulement les deux tiers de l’intestin participent à l’absorption des calories. Le bypass va donc créer de la malabsorption intestinale.
Il agit également par un effet de restriction alimentaire, grâce à la création d’une petite poche d’estomac et par un effet hormonal sur la ghréline en diminuant sa synthèse (baisse de l’appétit).
Comment se déroule un bypass gastrique ?
Le séjour habituel est de courte durée, entre zéro et trois nuits d’hospitalisation selon les personnes et les équipes chirurgicales. L’opération a lieu par cœlioscopie et dure environ 120 minutes pour les situations habituelles.
Le patient est autorisé à boire un peu d’eau et à se mobiliser le soir même de l’opération. Les douleurs sont modérées dans la région de l’estomac, le dos et les épaules et sont assez souvent dues aux gaz utilisés pour gonfler le ventre au cours de la cœlioscopie.
Les patients sont presque tous capables de sortir le deuxième jour postopératoire, avec des traitements vitaminiques et des injections sous cutanées d’anticoagulants pendant 2 semaines.
On recommande le port des bas de contention veineuse anti thrombose pendant 2 semaines et l’utilisation de gaines de maintien abdominal pendant la période de perte de poids rapide.
Il faut maintenir un régime mixé pendant une période de 3 semaines après le Bypass gastrique, privilégier les aliments riches en protéines et maintenir une activité physique régulière par des marches quotidiennes.
Quelles sont les complications précoces du Bypass gastrique ?
La complication grave la plus fréquente est le saignement post opératoire appelé hémorragie post opératoire. Cette complication survient chez 3% des patients et est souvent très précoce au cours des premières heures post opératoires. Elle peut être favorisée par la survenue d’une hypertension artérielle post opératoire. Il faut le plus souvent réopérer pour arrêter le saignement et évacuer l’hématome. Une transfusion sanguine peut être proposée si elle est nécessaire. Le séjour hospitalier est prolongé de 3 à 4 jours pour contrôler qu’il n’y a plus de saignement.
La complication la plus redoutable est la fistule post opératoire. La fistule se traduit par l’apparition d’un trou au niveau des sutures intestinales, lié à une mauvaise cicatrisation. Sa fréquence est de 2% des patients. Ses conséquences sont importantes car la cicatrisation du trou va nécessiter souvent plusieurs interventions chirurgicales, radiologiques ou endoscopiques. Les séjours pour permettre la cicatrisation vont être très longs, souvent plusieurs mois.
A noter : les fistules sont favorisées par la consommation de tabac. Il vous sera donc conseillé d’arrêter de fumer dans les mois qui suivent l’intervention.
Le taux de décès postopératoire liés au bypass gastrique est très bas, de l’ordre de 0,2%. Il s’agit d’un taux de décès proche de celui de l’appendicectomie en France.
La plupart des décès post opératoire ne sont pas liés au Bypass en particulier, mais aux embolies pulmonaires, aux allergies ou aux problèmes cardiaques.
La perte de cheveux au cours des amaigrissements rapides est très fréquente et peut être ralentie par des traitements spécifiques. Elle dure environ un an et une repousse est pratiquement constante.
Des troubles du transit peuvent également apparaître, type constipation ou diarrhée. Il existe des traitements symptomatiques et vous devez en parler avec votre médecin ou votre chirurgien.
Quels sont les résultats des bypass gastriques ?
Les résultats des bypass gastriques sont toujours dépendant des patients. En moyenne, les patients perdent 70 à 80 % de leur excès de poids maximal à 5 ans après la réalisation de l’opération.
Le poids minimal est atteint entre 1 et 2 ans après la réalisation du bypass. Ce poids a tendance à remonter au cours des trois années suivantes pour se maintenir ensuite au plateau atteint vers les 5 ans.
Par exemple, un patient qui a un poids maximal de 120 Kg pour 1,70m, est opéré d’un bypass. Il devrait peser entre 70 et 80 Kg entre 1 et 2 ans après son opération. En revanche, 5 ans après son opération, son poids devrait être stabilisé entre 75 et 85 Kg.
Au niveau des maladies liées à l’obésité, le bypass gastrique a des résultats importants : 3 ans après le bypass, 90 % des patients améliorent leur diabète, 70% améliorent leur HTA, leurs dyslipidémies, leur syndrome d’apnées obstructives du sommeil et leur stéatopathie hépatique.
Quelles sont les complications à longs termes des bypass gastriques ?
Les carences nutritionnelles sont constantes si on ne prend pas de supplémentation en vitamines, fer et calcium tous les jours et à vie. Elles peuvent avoir des conséquences graves comme des anémies sévères, des ostéoporoses graves avec des fractures spontanées, etc.
Il faut impérativement avoir un suivi nutritionnel avec des dosages réguliers sanguins des différentes carences potentielles. Il faut prendre ses traitements de supplémentation à vie !
Les malaises sont assez fréquents après les bypass gastriques. Ils sont de deux types :
Les dumping syndromes : malaises liés à une baisse de la tension artérielle au cours d’un repas si les aliments sont trop riches ou si le repas est pris trop vite. Il faut apprendre à manger lentement et à faire attention à la qualité des aliments qu’on mange…
Les hypoglycémies : malaises liés à une baisse du taux de sucre dans le sang 1 à 2 heures après un repas souvent riche en sucres. Il faut essayer de réduire au minimum les apports sucrés et manger lentement.